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La Gniaque
7 mars 2010

Ça y est j'ai eu mon lipomodelage

Un autre article posté avant celui-ci sur ce sujet :

Bientôt de nouveaux seins, j'en rêve


Mercredi dernier, mon mari m'a déposée à la clinique à 8H à jeun, il n'est pas resté, il avait pris sa journée et allait devoir assurer la journée des filles, des courses et des activités.
Je n'ai pas eu à attendre, j'ai aussitôt bénéficié de ma chambre individuelle avec une petite terrasse, une immense baie vitrée, tout le confort pour me sentir presque à l'hôtel....

Je ne regarde jamais la télé mais je l'ai faite activée en cas d'insomnies interminables. J'ai sorti toute ma pile de Marie-Claire en retard, des bouquins, de l'eau,  mon iphone, son casque pour écouter de la musique et j'ai patienté.
J'ai eu droit à un questionnaire, j'avais l'impression d'avoir déjà répondu plusieurs fois à ces questions sur les formulaires, à l'anesthésiste...

J'ai dû aller prendre la super douche à la bétadine, enfiler une culotte jetable, en fait plutôt un short, comme on m'en avait donné après mes accouchements, ainsi qu'une magnifique blouse jetable bleue marine ouverte dans le dos.
Et avec mon accoutrement hyper sexy, je suis retournée sur mon lit.

L'infirmière voulait absolument que je fasse pipi, à jeun et un peu assoiffée, ce n'est pas facile, j'ai réussi à lui donner satisfaction, tout était normal, bonne pour le lipomodelage.
Elle m'a prévenue qu'elle passerait vers 9H me donner la prémédication qui allait me faire somnoler et que vers 9H30, je serai emmenée au bloc.
Comme je sais que les infirmières sont très demandées, qu'elles n'ont pas que moi à s'occuper, lorsque j'ai vu 9H10 et toujours pas de prémédication, j'ai patienté.
Mais à 9H20, comme je ne l'avais toujours pas revue, je me suis sentie oubliée, j'ai appuyé sur le gros bouton de la sonnette.
Elle a accouru aussitôt, toute affolée, elle m'avait oubliée et la sonnette lui avait rappelé son oubli.
J'ai eu droit à une mini gorgée d'eau pour avaler deux cachets, atarax et je ne sais quoi et je me suis retrouvée à nouveau toute seule à patienter.

Enfin vers 9H50, le brancardier est arrivé. C'était l'heure de ce moment tant attendu. J'étais contente de le voir.
Il a embarqué mon lit avec moi dedans et nous voilà partis pour une ballade dans les couloirs de la clinique. Il était sympa, nous avons discuté, ce n'est pas plus mal, le stress sous-jacent n'amplifie pas. Il m'a donné une superbe charlotte jetable à mettre sur mon crâne. Là j'avais vraiment le total look.
Il m'a parquée dans un petit recoin où se trouvait déjà deux lits avec dans chacun un patient attendant lui aussi son admission au bloc. J'étais entre les deux. J'ai dit bonjour à ces collègues de l'attente. Je commençais à me sentir un peu stone, j'avais besoin de fermer les yeux, tant mieux.

Le chirurgien est arrivé accompagné d'une collègue qu'il formait puisqu'il lui expliquait tout. J'ai ouvert les yeux, j'étais toute seule. Il a fermé le rideau pour avoir un peu plus d'intimité, j'ai dû me lever, baisser ma super culotte, enlever ma blouse et avec un gros marqueur noir, il m'a gribouillé partout où il allait intervenir.
Je lui ai dit qu'il m'avait demandé de lui rappeler qu'il allait aussi tenter d'arranger l'apparence de la cicatrice du pac. Il a rajouté un cercle noir autour.
Il était très sympathique, très humain.
J'ai oublié de vous le préciser mais ce docteur est celui qui a inventé cette méthode. Il n'a pas 45 ans, il est bardé de diplômes avec tous honneurs, éloges et il a inventé le lipomodelage. C'est pour cette raison que toutes les patientes préfèrent patienter et avoir affaire à lui. J'ai triché en passant par le privé, j'ai écourté la file d'attente puisque c'est aussi le chef de service de la reconstruction du CLB (Centre Léon Bérard).
Et puis j'ai renfilé ma tenue d'opérée, je suis retournée dans mon lit. Il m'a dit qu'on nettoyait la salle et que c'était mon tour. Je suis repartie dans ma somnolence. Tout à coup, j'ai entendu quelqu'un qui me cherchait au milieu des lits, plein de nouveaux lits étaient arrivés, j'ai répondu que j'étais là. Il n'est pas arrivé tout de suite, avait jeté son dévolu sur la mauvaise patiente.
Et hop, un dernier petit tour de roues et me voilà dans le BLOC.

A chaque fois que je suis entrée dans un bloc, il faisait toujours un froid glacial, je ne sais pas si c'est à cause de l'heure toujours matinale de mes opérations ou si c'est un état de fait, un bloc est froid.
On m'a aussitôt ajouté une couverture. Une infirmière m'a redemandé mon identité, elle a bien précisé qu'elle savait qu'on me l'avait déjà demandée mais que c'était pour éviter tout risque d'erreur.
Mon chirurgien était à mes côtés, toujours souriant, à mes petits soins, supervisant le tout. Comme les autres fois, tant que j'étais éveillée, on m'a fait sortir les manches de la blouse, plus facile pour eux ensuite.

L'infirmière anesthésiste a voulu faire du zèle comme l'anesthésiste n'était pas encore là. Elle a voulu me poser le cathéter dans la main. On ne pouvait pas utiliser mon pac puisque la première partie de l'opération allait se dérouler à plat ventre pour le prélèvement de la graisse et ensuite seulement sur le dos pour le modelage des seins.
Je ne pouvais pas être allongée sur mon aiguille enfoncée dans le pac, pas agréable du tout comme perspective. Elle a commencé à taper ma main pour faire sortir la veine, alors là quand ça commence comme ça pour trouver la veine, je déteste, je sais que je vais avoir mal.
Ça n'a pas raté après avoir tapé en vain pendant une bonne minute, la voilà qui s'arme de l'aiguille et qui me prévient qu'elle va me piquer, elle enfonce son aiguille, ça me fait mal, et puis évidemment, elle n'a pas bien piqué dedans, elle tournicote son instrument de torture, je la maudis. Mon chirurgien me demande si je n'ai pas trop mal, ben ce n'est pas vraiment agréable.
Mon docteur anesthésiste super mignon arrive enfin, il jette un œil sur le massacre en cours. Le chirurgien qui devait l'espérer autant que moi, lui propose de me piquer dans le pac pour m'endormir et ensuite on reprend le massacre. Je l'aime cet homme. Le docteur anesthésiste vire l'infirmière, m'enlève cette aiguille mal mise, en prend une nouvelle et avant que j'ai eu le temps de dire ouf, elle était piquée sans aucune douleur au bon endroit. Lui aussi je l'aime. Je jette un regard mauvais vers l'infirmière tortionnaire, elle me regarde toute souriante et se croit obligée de me dire "vous avez de la chance, la veine n'a pas claqué". Grrrrrr....
Elle s'arme du masque à oxygène, me le place sur le nez et avant que j'ai eu le temps de dire ouf, sans me rendre compte de quoi que ce soit, je suis anesthésiée.

Je reviens à moi en salle de réveil, en fait ils sont plusieurs à essayer de réveiller un homme qui ronfle super fort. On remarque mon œil entrouvert. Je me rendors aussitôt. Le brancardier m'appelle, je rouvre mes yeux, je grelotte, je suis tétanisée de froid, il me ramène à ma chambre. Je suis complètement groggy.
A peine arrivée, je réclame une couverture, je ne peux pas m'empêcher de grelotter de la tête aux pieds. Les infirmières ajoutent des épaisseurs. Je me rendors.

J'ai dormi toute la journée en ayant perdu la notion du temps. J'ai été réveillée en sursaut par le téléphone, c'était mon mari. Il avait déjà pris de mes nouvelles pendant que j'étais en salle de réveil. Une infirmière est venue ajouter des bas de contention. En fait je n'ai pas mal, je suis ficelée dans les pansements, j'en ai partout, ça part sous les aisselles jusqu'aux genoux. Je n'ai plus de culotte, juste la blouse pas ficelée qui est à moitié remontée. Heureusement qu'il y a les couvertures pour cacher ma nudité. Toutes les deux heures, deux infirmières passent et à chaque fois on me demande d'évaluer ma douleur sur un indice de douleur de 10 en me prévenant qu'à 5, j'ai de la morphine. Je n'ai jamais dépassé 4. J'ai une perfusion qui me fait oublier que je n'ai pas mangé ni bu depuis la veille au soir. En même temps, elles vérifient que mes pansements sont toujours propres, pas de sang.

En fin de journée, mon chirurgien passe, il me donne arrêt de travail, ordonnance pour les anti-douleurs à la maison, ordonnance pour les changements de pansements. Il m'explique qu'il est très content du résultat obtenu avec le sein normal, il est superbe... Je suis bien contente, je ne peux absolument pas le voir sous les pansements. Pour l'autre, le biscornu, l'amoché, il a bien ajouté de la graisse. Comme il a des fibromes dûs à la tumorectomie, la graisse va les absorber en partie et il faut attendre 3 mois pour voir le résultat final. Ça devrait être très satisfaisant mais on pourra faire un dernier lipomodelage retouche pour que ça soit tip top.
Je dois garder mes pansements jusqu'à demain, lundi. Mon infirmier va venir changer les pansements de la poitrine et je vais pouvoir enlever tous les autres qui me plaquent la peau sur les cuisses, les hanches, le dos. En fait il n'a pas enlevé la graisse dans les fesses, il a fait beaucoup mieux, il l'a prélevée sur tout le long de ma silhouette pour l'affiner. Je suis super contente de ce que je devine. Il repassera le lendemain matin. Il me prévient que mes cuisses seront bleues pendant 2 semaines mais que j'aurais des œdèmes pendant 3 mois. Il m'a enduit les zones touchées d'une crème anesthésiante, je ne devrais rien sentir avant le lendemain matin.

Pour la première fois de la journée, je me sens un peu réveillée, je relève le dossier de mon lit, je bouquine et mon mari arrive. C'est pile le moment du dîner, j'ai droit à un potage, yaourt, compote. J'apprécie ce festin. Il me ferme les stores. L'anesthésiste passe à son tour, il me prévient que je vais avoir la perfusion de fer promise et des anti-douleur pour la nuit en perfusion.
Je termine mon souper et à nouveau, je suis morte de fatigue. Mon mari repart. Je repars dans les bras de Morphée. Toute la nuit, les infirmiers ont continué à me réveiller toutes les deux heures, échelle de douleur, tension, état des pansements et changement des poches de perfusion.
Je n'ai pas le droit de me me lever pour aller aux wc, j'ai droit au bassin en plastique, bof, bof.

Le matin arrive, on me donne mon petit déjeuner, pain, thé, confiture.  Je me lève sans rien dire à personne pour aller aux WC, tout va bien mais je vois mieux à quoi je ressemble, je ne suis pas loin de la momie. Le chirurgien repasse avant d'aller au bloc et continuer son travail de magicien. Je trouve ça merveilleux ce qu'il fait, redonner aux femmes touchées dans leur chair par le cancer une apparence saine. C'est tellement important pour le moral. Je lui suis infiniment reconnaissante pour ce qu'il m'a fait, me permettre d'effacer des traces de ce cancer sur mon corps, de pouvoir me plaire à nouveau, ça n'a pas de prix, cette métamorphose. Il me demande si je me souviens de ce qu'il m'a expliqué la veille, une poignée de main et rdv pris dans son cabinet 2 semaines après l'opération. Je n'aurais plus de pansements.

L'infirmière arrive, je dois faire ma petite toilette et puis je peux partir.

Petite toilette est inappropriée pour désigner tenter de se laver avec le corps recouvert de pansements mais éparses, il y a des petites trouées de peau badigeonnées de bétadine. Je fais comme je peux, j'enfile une blouse ample qui se boutonne devant, je peux entrer dans un jean assez large. Je dois garder les magnifiques bas de contention blancs. Une fois prête, j'avertis ma mère qu'elle peut venir me chercher. Elle a fait cet effort, elle a voulu venir me chercher et là j'ai besoin d'elle.

Je me remets sur mon lit, j'ai la tête qui tourne, j'ai une heure d'attente. J'écoute de la musique, je suis fatiguée et le stress s'évacue, je me détends. Mon corps est en voie de rétablissement.

Depuis ma sortie jeudi dernier, je marche le matin en ville, je me repose l'après-midi, je mets un temps indéterminé pour faire ma toilette au gant. J'ai acheté des huiles essentielles super efficaces contre les bleus. Mon mari me masse les bleus accessibles hors des pansements. Mes bleus sont terrifiants, j'en ai partout, certains sont plus noirs que bleus. Je n'ai pris des cachets anti-douleurs que le jour de ma sortie, jeudi. Depuis vendredi, je ne prends que du paracétamol. J'ai de temps en temps un peu de fièvre et un peu mal. Je m'attendais à une douleur beaucoup plus importante, je suis vraiment étonnée que ça soit aussi tolérable. C'est plus le changement de position, ça tire sur les pansements, sur les bleus qui est pénible. Pour dormir aussi, je suis obligée de rester à plat sur le dos, ça me rappelle les fins de mes grossesses. Je ne dors pas très bien mais le temps fait son effet.
Par contre hier, j'ai eu comme des gaz dans mon estomac, je me sentais un peu barbouillée, je pense que ce sont les effets secondaires du fer qu'on m'a administré. On dirait que j'ai un chat qui grogne dans mon ventre, c'est bruyant et désagréable. Cette nuit ça m'a réveillée à deux reprises ces ballonnements. Aujourd'hui ça a l'air beaucoup mieux, j'ai lu sur le net, que les effets indésirables du fer ont lieu entre 1 et 3 jours après son administration.

Je bénéficie par ma mutuelle d'une aide, le matin et le soir, elle assure les transports scolaires des enfants. Je peux rester tranquillement chez moi et prendre soin de moi jusqu'à la fin de mon arrêt, vendredi prochain.

J'ai beaucoup moins mal, je peux beaucoup plus bouger sans douleur. J'attends demain, lundi, avec impatience. L'infirmier va me débarrasser de tous les pansements du corps à part la poitrine, ça sera beaucoup plus facile pour me laver et beaucoup plus confortable. Je pense que ça va être impressionnant, on va voir beaucoup plus les bleus sur tout mon corps. Je mettrai des photos dans quelques temps pour vous montrer l'évolution de mon corps.

Je sens que ma poitrine tient toute seule, qu'elle a gagné en volume, j'en suis très heureuse. J'ai hâte de voir le sein malmené réparé, ça sera pour demain quand il changera les pansements de la poitrine.

J'espère que de nombreuses femmes devant subir un lipomodelage viendront lire mon témoignage. Je vous assure, n'attendez plus, faites-le, ça ne fait vraiment pas mal, à peine un peu douloureux mais vraiment rien de méchant et le résultat en vaut la chandelle. C'est tellement bon de se réapproprier son corps. Je suis heureuse.

Petite remarque :
Le lipomodelage est destiné à arranger un sein atrophié. Il permet de lui redonner un joli galbe en injectant de la graisse centrifugée prélevée dans une autre zone du corps (fesses, cuisses, ventre..). Lors de mes traitements d'attaque contre le cancer, je n'ai pas subi une mastectomie mais une tumorectomie, j'avais toujours mes deux seins mais on avait enlevé un quart du sein gauche. Le chirurgien a en premier réparé le sein malmené puis ensuite a aussi injecté de la graisse dans l'autre sein pour qu'il ait un volume identique. Aucun corps étranger dans mes seins, idéal pour leur suivi médical.
En ce qui concerne la prise en charge, en cas de chirurgie réparatrice, si on passe par un centre anticancer, rien à avancer. J'ai préféré gagner du temps et avoir consultation et intervention par la voie privée. Mon chirurgien m'a fait un devis, 2.000€ pour l'intervention et 500 pour l'anesthésiste. La sécurité sociale rembourse moins de 500€. J'avais pris une mutuelle en conséquence, elle prend en charge toute la différence mais elle a un coût élevé mensuellement.

Lien vers le site de mon chirurgien détaillant le lipomodelage :
http://www.emmanueldelay.fr/lipomodelage


et la suite de cet article :

Suite lipomodelage

Second lipomodelage programmé

Je vais bien, tout va bien

Second lipomodelage + 3 mois

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Commentaires
F
Je suis contente pour toi, et j'espère que je pourrai aussi me faire refaire un sein un jour. Mais pour l'instant, après un an, j'ai encore de la douleur sous la cicatrice.<br /> <br /> Tu es courageuse de t'être fait refaire un sein avec ta peau, ça doit être douloureux. Si je m'en fait faire un ca sera prothèse saline, je n'ai pas le goût de me faire opérer plusieurs fois.<br /> <br /> Gros bisous et prends soin de toi. xxx
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C
Atteinte de la même pathologie, je suis soulagée de savoir que vous allez mieux et que grace à cette intervention vous pourrez continuer à tourner la page . C'est mon souhait le plus cher et mon réconfort de lire que oui, malgré tout, un jour, on peut espérer un mieux. Pour ma part, je vais être opérée pour une symétrisation des seins ...a suivre et bon courage à vous!
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M
Je suis un peu comme Tili. Je suis très chochotte dès qu'il s'agit d'opérations. Inenvisageable pour moi ! Mais je suis très contente pour toi :o)
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Y
C'est fait!<br /> Moi, j'ai reculé mes finitions, j'ai eu une infection urinaire vraiment importante et j'ai tout arrêté. <br /> Ce que tu décris, le froid etc, j'ai bien reconnu.<br /> Il fait toujours froid.<br /> Je t'embrasse.
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N
Heureuse que ça se soit bien passé et que tu sois satisfaite. Pour Tili ça avait été bien plus douloureux, alors je suis heureuse les femmes dans votre cas puissent lire que parfois ça se passe bien.
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