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La Gniaque
14 janvier 2018

2018 commence très mal : placardisation, cancer en vue...

En janvier dernier, j'attaquais 2017 en sachant que j'allais subir deux interventions chirurgicales sur l'année, ce qui est plutôt lourd à vivre, mais au moins ce n'était pas pour me soigner mais pour me réparer et donc générateur de moins d'angoisses.
Je pensais que 2018 pourrait me laisser un peu souffler.

J'ai changé d'année à la montagne, j'y ai passé la première semaine de 2018, j'étais en vacances avec mon mari et mes filles, en dehors de la fameuse tempête, j'ai pu skier. Je me sentais reposée. Je jouais à des jeux de société avec mes filles, j'ai fait des crêpes, des gaufres, tous ces petits plaisirs simples qui donnent le sourire à tous.
Et puis j'ai repris le travail cette semaine, lundi.

1er retour du baton : tentative de me mettre au placard

Je suis ingénieure en informatique, j'aime ce que je fais. Je m'entends très bien avec mes différents interlocuteurs. Il règne une bonne ambiance dans mon service, pas dans ma division où ça tourne à la foire d'empoigne.
Mon directeur a quelques difficultés pour gérer le personnel, il s'est mis sa hiérarchie à dos et a peur de perdre sa place.
Mon chef de service avait pris 3 mois de congé formation à la rentrée alors que j'étais aussi absente à cause de ma dernière opération. Mon binôme est parti à la retraite et celle qui le remplace, pleine de bonne volonté et très performante, vivait seulement sa première rentrée scolaire, pic d'activité pour nous. Et pour couronner le tout, tous nos programmes, toute notre gestion a subi des réformes, l'équipe diffusant ces logiciels n'ayant pas été renforcée, la rentrée a été très douloureuse, un calendrier quasi impossible à tenir, une pression intenable.
Bref difficile de faire pire. Malgré tout, elle a bossé d'arrache pieds et s'en est sortie.

J'occupe ce poste depuis plus de 7 ans. En fait lors du diagnostic de mon cancer métastasé, j'étais l'adjointe au chef d'un autre service de la même division. Elle allait partir à la retraite, on augmentait mes responsabilités. J'ai été arrêtée 18 mois puis j'ai repris à mi-temps thérapeutique pendant un an. A mon retour, je n'avais plus rien d'intéressant à faire. On avait changé les mots de passe, on avait distribuer mes tâches, je n'étais plus l'adjointe de rien, je n'avais plus aucune responsabilité. J'étais extrêmement fragile, le tsunami du cancer métastasé, stade 4, venait de passer et je tentais juste de retrouver des nouveaux repères. J'étais tellement heureuse d'être en rémission et de pouvoir reprendre une vie presque comme avant. J'appréciais ce mi-temps thérapeutique et finalement j'étais satisfaite de reprendre doucement, mon directeur de l'époque m'avait dit de prendre mon temps.
Le problème s'est posé à la fin de cette année en mi-temps thérapeutique, lorsque j'ai repris à 80%, je m'ennuyais au travail. Je suis allée me plaindre, on m'a refilé des documentations à réaliser sur des sujets bien barbants qui n'avaient motivé personne. J'ai compris le message. J'ai laissé passé du temps, et puis ce n'était plus tenable. Je n'avais pas fait tout ça pour me retrouver à l'écart, pour faire acte de présence. J'ai décidé que deux solutions s'offraient à moi, soit je portais plainte à la Halde pour discrimination (absorbée depuis par le défenseur des droits), soit je devais changer de poste pour repartir sur des bases saines.

Justement un poste était libre dans un autre service et on avait besoin urgemment de quelqu'un.
J'ai postulé, j'ai été prise, j'ai changé de service, pas de direction, et je suis repartie à zéro. Ce challenge m'a permis de reprendre confiance en moi.
Depuis j'ai acquis une expertise sur cet emploi, on n'a absolument rien à me reprocher, au contraire tout le monde semble satisfait de mon travail. J'ai un entretien individuel chaque année, que du positif à chaque fois. Je signale depuis trois ans que mon collègue va partir à la retraite et que son départ va faire un trop gros vide, qu'il faut recruter, qu'on ne tiendra pas. Mes collègues tiennent le même discours. Mon binôme avait tendance à vivre pour son travail, à ne pas compter ses heures et à être excellent. C'était un collègue en or mais on n'en fait plus des comme ça.

Mon chef absent trois mois, s'est fait piquer un poste faute de recrutement.
Et la rentrée a révéler les failles de notre gestion du personnel à flux tendus. D'autant plus qu'on a eu un autre départ à la retraite mais heureusement remplacé et qu'un autre se profile et personne actuellement ne va la remplacer.

Lundi nous avons travailler d'arrache pied toute la matinée pendant que tous les chefs étaient en réunion, on m'avait même donné pendant mes congés une clé pour me permettre de me connecter et de travailler si besoin sans aucune contrepartie, bien entendu.
L'après-midi, mon chef nous a réunis et là, sans rien voir venir, il a commencé à insister lourdement sur notre duo qui devrait être occupé par deux personnes à temps plein. Je suis à temps partiel de droit, à 80%, reconnue travailleur handicapé depuis 3-4 ans, j'ai fait ces démarches pour anticiper les carences en gestion du personnel et pour qu'on ne tente pas de supprimer mon temps partiel. J'ai tout d'abord pensé qu'il voulait compléter mon poste par quelqu'un d'autre et devant son insistance sans me regarder, j'ai compris qu'il voulait me dégommer. Il a fait le coup à un autre qui bosse depuis 30 ans sur un poste sans personne pour l'aider, que l'on fait revenir pendant ses congés, que l'on traite sans grande considération. Il a commencé à nous présenter une réorganisation, elle ne convenait à personne, aucune adhésion. Il me voyait occuper un poste transverse, venant faire un petit de tout ou autrement dit du bouche trou.
Je lui ai manifesté très clairement que j'y étais totalement opposée. Je l'ai laissé parler, j'étais bouleversée.

Je suis partie plus tôt, nous étions tous mécontents. J'ai très mal dormi, très peu. Je suis arrivée, le mardi,avec une migraine sous-jacente. Dès son arrivée, j'ai demandé à le voir en entretien dans la journée. 10 mn après nous étions dans son bureau.
J'ai demandé en premier qu'il éclaircisse les fonctions qu'il comptait m'attribuer, histoire d'être certaine d'avoir bien compris, pour enlever tout malentendu.
Je lui ai dit que j'étais furieuse, qu'on n'avait rien à me reprocher, que j'occupais ce poste depuis 7 ans, que je n'avais pas demandé à changer et que par conséquence je le vivais comme une rétrogradation, qu'il comptait me mettre sur un poste occupé précédemment par un technicien, que ce travail ne m'intéressait pas du tout et que la seule chose qu'il me reprochait était mon temps partiel, et si j'étais en temps partiel, c'était à cause de ma maladie. Mon tort était d'avoir un cancer, j'avais eu le malheur d'avoir deux arrêts dans la même année, alors hop on se débarrassait de moi pour prendre quelqu'un en bonne santé. Que j'attendais d'avoir un écrit détaillant mes nouvelles fonctions, que je n'allais certainement pas me laisser faire, que c'était de la discrimination, que j'étais une personne fragile et que j'avais des droits. J'allais porter plainte, demander un RDV au DRH.
Mon chef était abasourdi. Il n'en revenait pas. Il m'a dit qu'il n'avait jamais eu cette idée, qu'il n'avait jamais vu les choses sous cet angle.
Je lui ai fait remarqué qu'il aurait du mal à faire voir leurs actes comme autre chose que de la discrimination.
Il a fait du rétropédalage, il m'a caressé dans le sens du poil, j'étais merveilleuse, mon travail était top, tout était pour le mieux, ce n'était qu'une proposition, rien d'acté (pas du tout ce qui avait été dit la veille), on ne me changerait pas si je m'y opposais, je conservais donc mon poste.

Je suis ressortie de là soulagée à double titre, d'avoir vider mon sac et de ne pas perdre mon poste. Par contre l'estime que j'avais pour lui a disparu, je suis une personne trop bienveillante, trop naïve, incapable de déceler de telles manigances, mais là personne ne l'avait vu venir dans mon service.

eleves

Le problème de répartition des tâches demeure, en fait il manque une personne et on peut jouer aux chaises musicales, ça ne ferra qu'en ajouter un peu plus à chacun, méthode fort répandue à notre époque, faire plus avec moins.
L'audit commandé par la hiérarchie sur notre division va bientôt débuter et ils stressent tous devant la désorganisation du service.
Je refuse d'en faire les frais, on les alerte sur ce problème depuis plusieurs années.
Ce n'est pas la première fois que je les vois s'attaquer à des personnes affaiblies et leur imposer ce qui leur passe par la tête. Lamentable.
Cette fois, je n'étais pas faible comme à ma reprise. Je n'ai plus grand chose à perdre, je suis bien décidée à me battre bec et ongles. La maladie m'a endurcie. J'ai pris l'habitude de batailler pour tout, rebondir après cette histoire de CAS a été bien lourd à vivre mais j'ai réussi à terminer ma reconstruction...
Mes chefs font tous profil bas, ils ont peur que j'aille ébruiter cette discrimination plus haut où ils ne sont déjà pas en odeur de sainteté. Et puis ils ont pu se rendre compte d'un fait : ma détermination. Ce n'était pas du bluff, j'étais convaincue de mes actions à venir s'ils persistaient.
Une autre de mes collègues reçue à ma suite, s'est aussi enhardie, et a refusé, ils la baladent depuis un mois...
J'ai continué mon travail ce mardi. Le soir encore, j'ai eu du mal à dormir correctement. Trop de tensions.

2ème coup dur : grain de beauté cancéreux

Le mercredi matin, j'avais toujours cette migraine mais c'est justement le jour où je ne travaille pas.
J'avais RDV l'après-midi chez la dermatologue.

Lors de ma seconde intervention, le chirurgien avait tiqué devant un petit grain de beauté sur le sein cancéreux. J'avais aussi remarqué qu'il était bizarre et suspect.
J'ai pris RDV à ce moment-là mais il y avait plusieurs mois d'attente.

Ma fille aînée avait aussi RDV, on a commencé par elle. Puis ça a été mon tour.
Et là elle a bloqué sur ce grain de beauté et m'a dit qu'il était cancéreux et qu'elle allait me l'enlever sous anesthésie locale.
J'ai eu droit à la piqûre, le scalpel, les gros fils noirs et le beau pansement.
D'après elle, c'est peut-être un mélanome ou un carcinome basocellullaire déclenché par la radiothérapie.
Elle me revoit dans deux semaines, elle enlèvera les fils et devrait avoir les résultats. Elle a été très pro, ne m'a transmis aucune inquiétude, m'a décrit son prélèvement large du grain de beauté qui devrait certainement suffire.

J'ai décidé de ne pas m'en faire, j'ai juste jeter un oeil sur internet sur le carcinome basocellullaire, cancer qui ne fait pas de métastase, au pire si on en a laissé, il revient, il faut bien tout prélevé et débarrassé. Elle m'a aussi prévenue que ça pouvait en être une autre forme, on verra...
J'espère juste que ce ne sont pas des métastases cutanées.

J'ai enfin mieux dormi et la migraine m'a quitté. Jeudi et vendredi, comme s'il ne s'était rien passé, mon chef tout sourire me demandait si j'allais bien. Je joue le jeu mais je ne fais aucun effort, je ne suis pas près de discuter de quoi que ce soit avec lui, la stricte politesse sera bien suffisante.

et pour finir en beauté : ma fille chute et perd connaissance

Le vendredi soir, nous sommes partis à la montagne. Mes filles avaient des compétitions de ski toutes les deux. Nous avons mis le réveil à des heures différentes, la plus grande devait être à 7h du matin à un RDV pour rejoindre une compétition, mon mari s'en chargeait, la seconde avait son entraînement qui débutait à 9h30, c'était moi qui m'y collais. Sa compétition n'avait lieu que le dimanche.

Un peu plus tard dans la matinée, sous un soleil magnifique, une température clémente, nous nous retrouvons tous les deux, nous prévoyons de déjeuner et de rejoindre la station de ski pour prendre un café sur une chaise longue et d'aller se promener. Mon mari ne peut pas faire de ski cet hiver, il a eu greffe d'un tendon à la place d'un ligament croisé antérieur presque totalement rompu.

Le téléphone sonne, la coach de la plus jeune de mes filles E. nous appelle, elle vient d'avoir un accident pendant sa descente en géant. Elle a perdu connaissance et les pisteurs secouristes l'ont réanimée. Ils vont la transporter auprès d'un médecin. On saute en voiture, elle nous rappelle, finalement, elle a été évacuée en hélicoptère pour être acheminée au centre médical de la station. Elle était confuse, ne savait plus quel jour on était, et ne se souvenait absolument pas de ce qui a juste précédé sa chute. Ses bagues se sont incrustées dans sa lèvre et elle a saigné.
En route, on voit l'hélicoptère. Arrivés au centre médical, la civière sort de l'ambulance. Je sors en courant pour la rejoindre pendant que mon mari va se garer.
Finalement après plusieurs radios, rien de cassé, que des bleus. Elle se plaint de douleur violente à la tête. Le médecin l'a gardée pendant 3h en observation. A part le côté gauche de son visage un peu gonflé, l'épaule, le coude et le poignet gauche douloureux, elle va bien. Tous soulagés, nous rentrons enfin.

Une autre semaine va débuter demain, j'espère qu'elle sera beaucoup moins forte en émotions, d'un calme plat...

Le cancer m'est revenue cette semaine en pleine face alors que je ne m'y attendais pas. Me contentant de le guetter lorsque j'ai des douleurs inhabituelles, lors de mes contrôles, bilans sanguins. Il m'a fait une farce, il s'est manifesté sous deux autres formes, une tentative de discrimination au boulot et un cancer cutané. Il ne reste pourtant pas grand chose de mon sein, on a enlevé tout l'intérieur, le mamelon, l'aréole et la partie basse. Le grain de beauté a frappé sur le dessus de la peau du sein, la seule partie intacte. Les points font bien 2cm de long, une petite cicatrice de plus.
Il ne faut jamais baisser sa vigilance, il frappe lorsqu'on s'y attend le moins.

Je ne peux que vous inciter à vous faire reconnaître travailleur handicapé : RQTH. Vous êtes libre ensuite de le dire ou pas à votre employeur mais vous aurez des protections supplémentaires en cas d'attaques sournoises.

Par contre cette confrontation m'a fait prendre conscience qu'en face de moi, ils n'avaient pas inclus dans leur réflexion mon handicap. Il ne leur était même pas venu à l'idée que ce qu'ils me reprochaient était mon état de malade. Ils me traitaient comme un pourcentage dans leurs processus de gestion des ressources sans tenir compte de ce statut à part.

En même temps, ça semble utopique de demander à un service soumis à des critères de rentabilité, de compression de personnel de faire preuve de bienveillance à l'égard de ses salariés handicapés. Je pense que c'est contradictoire. L'objectif est louable mais dans la réalité, je ne vois pas d'application autrement que par une relation de force. Triste constat.

Je vais faire bien attention, j'ai été stigmatisée. La secrétaire qui se mêle toujours de ce qui ne la regarde pas, s'est même permis de dire qu'il y avait de la rébellion dans notre service en me regardant. Sympathique comme climat. Ce n'est pas encore demain que je vais pouvoir mettre mon cancer en veilleuse. La cohabitation est omniprésente. Je pensais que j'étais arrivée à le faire oublier au boulot mais impossible. Rien ne résiste au cancer. Il me colle à la peau quoi que je fasse. Une autre manifestation de l'ampleur de ses dégâts.

bocal

Je vous souhaite une très heureuse année 2018, je vous la souhaite moins houleuse que ma semaine passée.

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Commentaires
N
Mes plus douces pensées et de gros bisous à toute ta famille.
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M
bonjour Isabelle , je vous souhaite bcp de bonheur en 2018 , vous êtes formidable <br /> <br /> <br /> <br /> marie
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B
Chère Isabelle,<br /> <br /> Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas échangé ensemble. Christine me donne de tes nouvelles de temps en temps et m'a transmis le lien de ton blog, probablement du fait de cet article : https://www.linkedin.com/pulse/le-cancer-nous-sommes-tous-confront%C3%A9s-un-jour-ou-lautre-lemaire/<br /> <br /> Depuis cet article, beaucoup de personnes ont pris contact avec moi dont la Présidente de Wideek https://www.wideek.com/<br /> <br /> qui m'a proposé de participer à mon réseau relais bienveillant et d'aider les personnes qui, après une aventure comme la tienne, souhaitent développer de manière indépendante leurs talents informatiques à l'aide de leur plateforme...<br /> <br /> Si cela t'intéresse un jour, n'hésite pas à me faire signe pour vous mettre en relation.<br /> <br /> En attendant, je te souhaite tous mes vœux de santé et de rétablissement pour cette nouvelle année.<br /> <br /> Amitiés,<br /> <br /> Bernard
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T
Bonne Année Isabelle, je te souhaites de tout cœur que cette année qui commence durement continue dans plus de douceur.<br /> <br /> Tu as une énergie extraordinaire, que nous admirons tous mais c'est vrai que des fois on a aussi besoin de douceur et de bienveillance.<br /> <br /> J'ai fermé mon blog, je ne circule plus trop sur le web. Je vis aussi des moments difficiles mais pour d'autres raisons... Mais de temps en temps, je viens encore "te" voir ;-)<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Tili
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P
rectification du nom de mon blog.
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