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La Gniaque
3 avril 2009

Mammotome ou comment ils m'ont torturée...

Si vous avez suivi mon périple, à mon dernier IRM de contrôle des seins, l'électroradiologue a vu des points blancs dans mon sein jusqu'alors épargné. J'ai eu droit à une échographie des seins et mammographie en urgence le lendemain. Elle a vu des micro-calcifications dans les deux seins. En fait on ne me faisait que des IRM depuis 3 ans, donc aucun cliché de mammographie ou d'échographie de référence, celles que j'ai datant d'avant la tumorectomie. Elle a bien analysé la situation et pour le sein épargné, je suis bonne pour refaire mammo et écho dans 4 mois et pour le sein malchanceux, biopsie programmée pour être sûrs!
Heureusement j'ai pu choisir moi la date de cette biopsie pratiquée par mammotome et tant qu'à faire, j'ai groupé avec un jour chimio herceptine : hier, jeudi 2 avril.
J'avais RDV à 10H pour la biopsie. Depuis 3 jours, je prenais l'homéopathie prescrite pour éviter l'hématome. Le taxi m'a fait attendre un quart d'heure, il ne me prend pas chez moi mais à une file de taxi. Je commençais juste à angoisser comme il se doit pour un tel évènement, le quart d'heure d'attente a contribué à augmenter cette angoisse en craignant d'être en retard. Nous sommes arrivés malgré tout pile à l'heure à l'hôpital. Je ne redoutais pas les résultats, allez savoir pourquoi mais la biopsie en elle-même. Je ne gardais pas un bon souvenir de celle pratiquée 3 ans auparavant mais je ne savais pas que ce qui m'attendait était bien pire...
Ils avaient aussi du retard à l'hôpital, ça c'est normal, j'avais prévu. Ils m'ont appelée avec une heure de retard. J'ai eu le temps de me plonger dans mon bouquin du moment "Un monde sans fin". J'accroche bien, le temps file. L'infirmière était une tête connue, ça aussi j'aime bien, ça me rassure. J'ai dû me déshabiller dans un box individuel, enfin uniquement torse nu et passer la superbe blouse bleue en papier pour ne pas traîner les seins à l'air. Elle est venue me chercher et m'a fait entrer dans la salle du mammotome. En entrant, j'ai tout de suite compris ce qui m'attendait. Il y a trois ans, j'étais sur le dos et hop une ponction dans la tumeur et c'était fini. Là j'ai découvert une planche horizontale avec un trou en haut au milieu, pour le sein!!!
Elle m'a demandé de m'allonger à plat ventre, de faire tomber mon sein dans le trou, elle m'a recouverte avec ma belle blouse bleue et a élévé la table à hauteur d'épaule. Elle m'a alors coincé le sein dans un étau, des fois que j'aurais envie de partir, là c'est sûr j'étais coincée. J'avais la tête tournée à sa demande vers les poubelles. Avant de me coincer le sein, elle me l'a tiré pour arriver à bien faire passer la glande mammaire après l'étau mais comme j'ai eu une tumorectomie il y a trois ans, il a une sale tête mon sein et pas facile d'en faire ce qu'on veut. C'était douloureux, elle a recommencé plusieurs fois pour essayer de me faire moins mal mais c'était quand même très désagréable. Elle a dû trouver le résultat probant, elle m'a annoncé qu'elle allait chercher le radiologue. Il s'est bien passé 10mn, moi toute seule à hauteur d'épaule, la tête plaquée, le sein pendant coincé dans un étau. Ils sont revenus et il a déclaré que ça n'allait pas compte tenu de la morphologie de mon sein, il a décoincé le sein (j'étais donc restée 10mn comme ça pour rien, ils auraient pu me le coincer après) et il me l'a aussi tiré dans tous les sens et hop un coup d'étau. C'était moins désagréable mais vraiment pas ça.
Ils étaient du côté de la table opposé à ma vue, dans mon dos. Je ne pouvais pas les voir. Je pense que c'est fait exprès, on ne voit pas les aiguilles, les prélèvements, le sang, les patientes doivent être plus faciles à gérer.
Il m'a prévenu qu'il allait m'anesthésier le sein mais que ça piquait. Ce n'était rien de le dire, j'avais l'impression que mon sein était la cible d'une partie de fléchettes. C'était super douloureux mais je savais qu'il suffisait de patienter et je ne sentirais plus rien puisque c'était le but cherché. Il avait toujours l'aiguille dans le sein, je pensais qu'il terminait l'injection mais pas du tout. Il savait que ça faisait mal, c'était le premier temps de l'anesthésie, il m'a demandé s'il pouvait continuer, j'ai acquiescé, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire d'autre et en fait j'ai très bien compris son manège, il enfonçait plus loin l'aiguille et hop une dose de produit. Il s'y est pris à 3 ou 4 fois pour terminer son anesthésie, heureusement seule la première injection m'a fait mal, ensuite le produit commençait à agir et c'était de moins en moins sensible mais cet anesthésiant fait super mal.
Et là suprise, j'ai senti comme une sangsue qui m'aspirait le sein. Je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait, je ne l'ai compris qu'à la fin. En fait il m'a introduit le bout de son appareil dans le sein, il est resté dedans pendant tout le mammotome et il pilotait l'aiguille de prélèvement, elle partait dans tous les sens qu'il lui indiquait.
Il m'a prévenu qu'il allait me faire une dizaine de prélèvements mais quand on aime on ne compte pas, il a bien dû m'en faire 50. J'imaginais mon sein transformé en passoire.
En amenant tout leur attirail autour de mon sein, j'avais maintenant vu sur l'écran de contrôle de l'aiguille. La pénétration de l'aiguille s'affichait comme un temps de progression sur un ordinateur. Je savais exactement quand l'aiguille entrait et quand elle ressortait et où elle en était de sa progression dans mon sein. Je ne pouvais rien ignorer de ce qu'il trafiquait dans mon sein, et puis de toute façon c'est bruyant ces appareils, le son accompagnait l'image. Au bout d'une dizaine de prélèvement, je pensais que mon calvaire touchait à sa fin, l'aiguille m'a fait super mal, très mal, j'ai tressailli, je me suis raidie, je lui ai aussitôt dit. L'aiguille est ressortie tout doucement mais ensuite, j'étais tétanisée à chaque entrée de l'aiguille tant que je ne voyais pas l'indicateur arrivé au bout. J'ai ressenti encore plusieurs fois des picotements douloureux, je lui ai dit, il m'a proposé de l'anesthésiant, j'ai accepté, ça me faisait trop mal. En même temps la perspective de revivre les piqûres du début ne m'emballait pas, mais heureusement, je n'ai rien senti.
Ils ont fait une pause, je pensais qu'ils allaient me rendre ma liberté. Que nenni, ils ont regardé mon sein et les traces de leurs prélèvements et ont estimé qu'il y avait encore du boulot. Ils sont revenus me torturer. Là je dois dire que je n'en pouvais plus. J'avais mal, j'étais mal, je torturais mes doigts, je redoutais chaque entrée de l'aiguille dans mon sein, j'étais complètement crispée.
Ils ont fait deux ou trois pauses pour regarder l'étendu des mitraillages et à chaque fois ils sont revenus me piquer.
J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer sur cette foutue planche suspendue dans les airs, je trouvais ça tellement injuste de subir une telle torture, de devoir vivre tout ça à cause de ce fichu cancer.
Et puis enfin, ils ont décidé que c'était suffisant. Il a d'abord baissé ma table tout en me tirant le sein. Et puis il l'a tripoté durement et hop a sorti son appareil de malheur. Il m'a demandée de me redresser, il ne lâchait pas mon sein. Je me demandais pourquoi, en fait j'avais un trou, et il pressait une compresse pour ne pas mettre du sang partout. Il m'a demandé de prendre le relais. J'ai dû passer dans une pièce à côté, m'allonger sur le dos, il m'a plaqué un gros pain de glace sur le sein et a mis tout son poids dessus pendant 5 bonnes minutes. Et puis il a relâché la pression et m'a demandé de le tenir sur mon sein. Ils sont revenus avec de la colle, il m'a collé le sein au lieu de coudre le trou, je préfère. Il m'a annoncé qu'il était confiant, qu'il ne trouvait pas mes micro-calcifications inquiétantes, qu'il pensait à des nécroses. J'étais contente qu'il me dise ça, c'est une parole d'expert, ça vaut de l'or.
Il m'a aussi dit qu'il en avait fait beaucoup car il n'avait pas envie de recommencer dans 6 mois (et moi donc!!!) et que chaque prélèvement irritait la glande mammaire et qu'elle réagissait en produisant des micro-calcifications.
Il s'est excusé pour le retard, ça doit être la première fois que j'en entends un s'excuser du retard, j'étais surprise.
L'infirmière m'a mis des compresses et a transformé mon buste en momie avec la consigne de rester comme ça pendant 24H, interdiction de faire du sport dont le ski pendant une bonne semaine, interdiction de porter des charges lourdes, pas d'aspirine et éviter de frotter le trou, la colle devant tenir une dizaine de jours.
Je suis ressortie de là complètement assommée, comme en état de choc. J'avais envie de pleurer, je pense pour évacuer tout ce que je venais de vivre. J'ai trouvé ça super éprouvant comme examen, rien à voir avec ce que j'avais subis il y a trois ans.
Je suis retournée m'asseoir dans la salle d'attente, j'avais faim, j'étais comme ébétée, plus envie de rien.
J'ai enfin récupéré ma carte vitale, mes clichés, comptes-rendus et j'ai pu rejoindre l'autre extrémité de l'hôpital, un bon quart d'heure pour y aller pour aller faire ma chimio, mon herceptine.
il était 12H30 quand je suis arrivée dans la salle d'attente de mon oncologue, elle était absente, la secrétaire l'a rappelée. Elle m'a prise toute de suite, je lui ai rapporté les paroles du radiologue, elle a confirmé ce que je pensais "s'il avait des doutes, il ne vous aurait rien dit". Elle a examiné mes marqueurs, cette fois-ci ils sont à 16 alors que la dernière fois ils étaient à 17. Je sais qu'il faut bien qu'ils prennent parfois quelques points pour ensuite redescendre mais moi je n'aime pas quand ça monte, je n'aime que les chutes. J'ai demandé mes ordonnances, elle m'a dit que l'herceptine à domicile n'allait plus tarder, son collègue est sur le coup.
Je suis passée au bureau des admissions, valider ma carte vitale et j'ai enfin pu monter à l'étage des chimios. Je me suis même trompée d'étage, j'ai appuyé sur le 2, ça correspondait à l'étage de la clinique, là où on était avant août. Je n'étais pas vraiment dans mon assiette.
Les infirmières se sont occupées de moi, inquiètes de savoir que j'avais eu une biopsie. J'ai pu aller m'installer dans mon fauteuil spécial chimio et sortir mon sandwich préparé avec amour par mon mari le matin. Je savais bien que j'y allais pour la journée, le plateau repas est toujours aussi minable, une tranche de jambon et une boule de pain, je n'allais pas tenir avec ça. J'avais mon sandwich préféré, au guacamole, avec des tomates, du poulet et du pain frais du boulanger acheté le matin même.
Je mourrais de faim. La bénévole est arrivée, m'a parlé un peu, m'a donné mon thé vert. Petit à petit, de me retrouver dans un environnement connu, je ne me sentais plus sur la défensive, j'ai pu me détendre un peu et reprendre mon livre. Je suis revenue chez moi à 15H30, mon torse toujours en momie. J'ai dû repartir peu après chercher mes filles à l'école, j'avais froid comme après chaque herceptine.
J'étais vidée, je suis tombée sur des copines, j'ai pu m'épancher un peu mais je ne m'étais pas remise de mes émotions.
Je suis revenue avec les filles chez moi, j'ai fait les devoirs et je suis montée devant mon pc. Je les ai laissées jouer. J'ai demandé à mon mari dès son retour de s'occuper de tout, bain, repas, coucher. Je ne pouvais plus rien faire, j'avais les jambes en coton, toujours en état de choc.
Je suis allée me coucher, j'ai bien dormi, sur le dos forcément et ce matin je me sentais comme vidée et en même temps le moral un peu dans les chaussettes, ce qui est extrêmement rare chez moi.
J'ai eu droit au dentiste, il a terminé son inlait, anesthésie dans la gencive, mais rien à voir avec hier, c'était presque une partie de plaisir.
Ce midi, j'ai pu enlever les bandages et enfiler un soutien-gorge, j'en ai pris qui me servait à l'allaitement, tout en coton, sans armature et j'ai pu observer les trous dans mon sein.
Les filles sont en vacances ce soir, on file à la montagne, j'y reste 10 jours, je n'aurais pas internet pendant tout ce temps.
Je vous souhaite de bonnes vacances si vous en prenez. Je reviendrai remise de ces émotions. D'avoir invité ce midi deux copines de 4 ans de ma plus jeune fille m'a bien changé les idées.
Mais s'ils leur prenaient l'envie de me refaire un mammotome un de ces jours, ils devront m'endormir, je ne veux plus jamais revivre ça, c'est beaucoup trop agressif comme intervention et aussi bien psychologiquement, nerveusement, physiquement. Je l'ai vécu comme une torture.

Je vous mets une illustration pour que vous compreniez mieux le calvaire enduré :

mammotome

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Commentaires
L
Bonjour, <br /> <br /> je sors d'une macrobiopsie sous mammotome et je voudrais rassurer les personnes qui vont en avoir une, car votre article et les commentaires peuvent stresser les lectrices. La majorité des cas est géré humainement et sans douleur, n'hésitez pas à vous informer, à poser des questions, cette technique est une avancée qui évite des gestes plus lourds, il faut le voir ainsi. Ce n'est pas agréable mais rappelons nous la chance que nous avons de pouvoir en bénéficier. Courage à tou-te-s.
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F
Il y a 20 ans multiplication de microcalcifications. Le radiologue : voir un chirurgien d'urgence. parcours du combattant pour trouver ce dernier on est en juin. les vacances. Chirurgie : un hamsortant du sein, posé debout sans anesthésie retour à la chambre d'hospitalisation sans hygiène supplémentaire à pied dans les couloirs. Opération,biopsie, anesthésie générale tout se passe bien.Pas de douleur, pas de bleu. Mais 20 ans nouvelle multiplication, mamotome présenté comme une intervention non intrusive avec musique d'ambiance, je suis insensible à la musique. Résultat comme dit IsabelledeLyon et en plus des brulûres cloques de plusieurs cm et sous les strech,s un sein violet bleu, impossible de dormir la nuit après 15 jours. Et...résultat allez voir un chirurgien . 2 mois de perdu à quoi sert cette intervention ?<br /> <br /> A mettre un clips pour le chirurgien ?
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P
Agathe..bon courage...tant de souffrances...mais qu a t on fait pour devoir endurer cela...Pour ma part des nerfs ont été touchés...Je souffrirai toujours...dixit ma gynécologue...mais au moins je sais maintenant ce que j ai...<br /> <br /> Bon courage..
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A
Je retiens de cet examen un souffrance insurmontable a en tomber dans les vaps! L'horreur ! L'anesthésie n'a pas marché ! Assurez vous que vous soyez bien endormies. Inutile de souffrir pour rien en 2019
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P
Rohhhhh c est insupportable ces douleurs. .j ai eu un mammotome mais sans table une personne me tenait pendant que le médecin m enfonçait l appareil. .j ai cru mourrir. Depuis la douleur ne m a jamais quittée. .je suis en dépression. .et personne ne me croit. Je veux qu on m enlève le clip car il pique et enflamme tout mon sein..refus catégorique aujourd'hui. .Je suis désespérée. .Si je pouvais les attaquer en justice je le ferai..qu'elle honte de nous faire subir ces atrocités 😔
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